Lettre de Cognard Hanshi - Automne 2021

Lettre de Cognard Hanshi - Automne 2021

Le Japon a le secret de la beauté. Ce peuple sait voir ce qui est beau.

La tradition du Hanami au printemps, du Tsukimi à l’automne sont des moments dédiés au beau. Ils permettent d’apprendre à regarder, d’apprendre à se donner le temps de regarder, et à faire étinceler ses yeux. Car la beauté est d’abord là, dans la conscience de celui qui regarde.

L’automne revient, après un été agité par le covid et les décisions qui en découlent.

Prendre une décision devrait toujours impliquer d’en mesurer les conséquences.

L’an dernier, la plupart des dojo étaient fermés pour cause de confinement et nous avons dû lutter pour maintenir notre école. Le déficit de licences considérable, nous l’avons peu ou prou compensé par du travail supplémentaire que nous nous sommes donné, mais il ne s’agissait pas que de problèmes économiques. Il s’agissait de continuer le travail entrepris, de garder un lien fort avec nos élèves.

Nous ne sommes pas de ceux qui ont mis de l’aikido dans leur vie. Nous sommes ceux qui ont mis leur vie dans l’aikido et qui combattent pour la liberté de pratiquer ce qui les consolide, ce qui les unifie, ce qui leur permet de vivre profondément en esprit.

Nous avons établi des priorités et savons que départis de notre pratique et séparés de nos compagnons sur la voie, c’est notre quotidien qui retombe dans la banalité, pire la mornitude (depuis que la bravitude du peuple chinois a été proclamée par une de nos ex-ministre sur la Grande Muraille, nous pouvons tout nous permettre).

Imaginez que l’on ôte le beau de nos consciences, que l’on supprime la beauté de nos yeux, que deviendrait l’art, que serait le Hanami ?

Notre pratique est une célébration pour laquelle nous avons besoin d’y être tous. Elle exprime ce qui nous unit et de cette union naît un vent de liberté. Nous devenons capables de faire briller nos yeux et de déposer la beauté sur ce qui nous entoure parce que nous la voyons dans les yeux des nôtres. 

Nous nous sommes battus et notre école d’aikido a passé cette année. Mais, elle ne survivra pas à une deuxième année comme la précédente. Nous détestons nous aussi être forcés, mais en tant que budoka, nous savons que prendre un coup n’est pas une défaite mais une raison de combattre davantage.

Nous avons besoin de tous vos bras, de votre force, de votre élan, de ce qui en vous est capable de rester vivant non pas malgré tout mais par-dessus tout.

Attention à celui qui, pour être sûr qu’on ne lui prenne pas la première phalange de l’auriculaire, s’est coupé le bras.



Académie d'Aikido de la Côte Saint André
124 Avenue Charles de Gaulle
38690 La Côte Saint André
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